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Exterre - Prologue

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Le petit groupe devait faire vite. Echapper aux chevaliers de l’ordre de Swor était leur priorité absolu. Affublés de longues capes noires encapuchonnées qui cachaient leurs vêtements, les six individus courraient à travers les ruelles de la cité, sous une pluie torrentielle.
L’un d’entre eux, un homme-ours qui avait perdu l’habitude de courir autant peinait à suivre ses camarades. Mais heureusement que Scäan, un homme-serpent, était là pour l’aider à garder le rythme ! Ils n’étaient plus très loin de leur destination finale… Encore quelques mètres, et ils pourraient tous souffler…
- Allez Béral, utilise toute ta graisse ou tout ce qu’on aura fait jusque-là n’aura servi à rien !
C’était Eytez, le chef de la bande, qui venait de l’encourager à sa manière. L’homme-tigre n’avait jamais vraiment apprécié son compagnon d’arme, mais il devait reconnaitre que ses relations leur avait été d’une grande utilité pour réunir des informations… Si seulement il pouvait courir plus vite, il n’aurait soudain pas eu l’envie de lui trancher la gorge ! Quel bien fou cela lui procurerait… Mais ils ne seraient plus assez nombreux alors pour le rituel…

Sauvés !
Les chevaliers en armures lourdes et aux lances fatales tournèrent dans la mauvaise direction. Et tout le petit groupe put alors enfin souffler… Eytez déplaça un des tonneaux se trouvant à ses côtés pour dévoiler une petite trappe en bois, disposant d’une poignée ronde en métal qu’il tira.
Un à un, les six membres de la confrérie entrèrent dans le souterrain par un escalier mal entretenu. Fermant la marche derrière Béral, Eytez lui donna une claque sur la tête pour lui faire comprendre son mécontentement. L’homme-ours se retourna pour dévisager haineusement l’homme-tigre du regard… avant de reprendre la marche. Tout en maugréant quelques insultes dans sa langue d’origine à son encontre.
Souriant devant la lâcheté de Béral, Eytez referma la trappe avant de jeter un dernier coup d’œil à l’extérieur… Personne ne les avaient suivis !

Après une bonne demi-heure de marche, le groupe encapuchonné arriva dans une grande salle en cercle, éclairée par quatre torches  Un trio d’individus portant des vêtements similaires les attendait. Un était assis en tailleur, un autre se tenait debout, le dos reposé sur un mur, tandis que le dernier faisait les quatre cents pas, anxieux.
A la vue des arrivants, ce dernier sursauta, avant d’être rassuré par la main levée d’Eytez. Abaissant sa capuche pour dévoiler un visage de loup, il avança vers le tigre pour lui serrer frénétiquement la main, avant de le harceler de mille et une question :
- Vous n’avez pas été suivis ? Vous avez pris toutes les précautions qu’il fallait ? Vous êtes sûrs que personne ne se cache derrière vous ? Il parait que les chevaliers de Swor emploient à présent des anashessians pour détecter si les hommes mentent ou pas et –
- Ne t’en fais pas, mon ami – rassura le tigre en lui posant sa grosse main sur son épaule – tout va bien. Nous n’avons pas été suivis par des chevaliers, et les seuls anashessians de ce genre que je connaisse préfèrent plutôt se terrer dans leurs rivières, trèèèès loiiiiin d’ici !...
- Hey ! fit alors Scäan à l’évocation de son peuple et du cliché qu’il entendit, avant d’être calmé d’un signe de tête de son ami.
Un peu rassuré, le loup souffla un bon coup, avant de tourner sa tête vers Béral.
- Mais alors… Pourquoi est-il essoufflé celui-là ?...
Eytez jeta également un rapide coup d’œil sur son compagnon, lui jetant un regard sombre, avant de reprendre son grand sourire à l’égard du loup.
- Tu connais les ours, Feinskyr, un rien les fatigue !
- Hein ?!... Ah, oui, c’est vrai ! J’ai entendu ça, moi aussi… Ce n’est pas contre vous, hein – dit-il en tournant la tête vers Béral – mais j’ai aussi entendu dire –
- Bref ! Puisque nous sommes tous là, si nous commencions ?
- Hein ?! Ah, oui, bonne idée, Eytez, bonne idée… Et puis comme ça on pourra avoir ce qu’on veut plus vite et…
Laissant le loup dans ses propres messes basses, l’homme-tigre croisa du regard ses deux autres frères qui hochèrent la tête et s’avancèrent vers eux, lâchant un soupir de soulagement. Eytez ne les connaissait pas très bien, mais le fait de les voir ainsi supporter tant bien que mal leur « ami » commun lui donna un élan de sympathie à leur égard.
- Le cercle est prêt ? leur demanda-t-il alors.
- Pas encore, nous préférions vous attendre afin qu’il soit le plus frais possible – répondit le seul humain du groupe.
- Et puis surtout, il faut le reconnaître, nous n’étions pas sûr de pouvoir réussir et –
- Alors il ne faut pas perdre plus de temps ! – répliqua Eytez en ignorant copieusement le loup – Béral, sors-nous l’offrande ! Et vite !
L’homme-ours, énervé, s’exécuta sans rien dire et ouvrit une petite sacoche qui se trouvait sous son long manteau. Tous regardèrent alors la petite statuette représentant une magnifique jeune femme aux longs cheveux et aux formes parfaites. Portant une robe fine, la jeune femme tendait légèrement ses bras de façon symétrique, comme si elle n’avait pas encore finit son mouvement.
Comme un seul homme, les huit autres levèrent les deux bras jusqu’à leurs épaules, mains ouvertes, avant de les rabaisser.
- A présent, pose-là au centre de la pièce, et vous – fit le tigre en désignant le trio – dessinez-nous le cercle ! Il est temps !
L’humain s’exécuta et dessina alors au sol à l’aide d’une craie bleue un œuf assez grand pour que tous puissent se placer autour. Etonné par la couleur, Eytez en demanda la raison.
- C’était plus facile à se procurer que les blanches ! Et puis, cela évite les soupçons…
Hochant la tête, le tigre fit signe à ses camarades de se positionner selon le rituel ancestral : deux personnes aux extrémités, et les quatre autres se faisant face. Béral se plaça en dernier, après avoir posé la statuette.
- Vous êtes sûrs qu’il ne nous manque rien ? J’ai entendu dire que les dieux pouvaient se montrer très colériques si jamais –
- Ne blasphémez pas, frère Feinskyr ! beugla le tigre, ce qui fit sursauter ce dernier et ses camarades les plus proches par la même occasion – Les textes sacrés sont formels : une offrande, un cercle en forme d’œuf et neuf personnes suffisent pour que notre divinité puisse entre notre appel… Après, c’est sûr, si vous vous mettez à l’insulter, ce n’est pas comme ça qu’elle va venir…
- Ah, oui, vous avez raison… Mais je –
Fatigué par les jérémiades du loup, le tigre lui fit chut d’un doigt. Ce dernier tenta de s’excuser, mais Eytez lui refit chut, de façon plus insistante, cette fois-ci, ce qui le fit taire définitivement, au grand soulagement de tout le monde !...
Les neuf adeptes fermèrent alors les yeux et baissèrent la tête, tandis que l’homme-tigre put alors commencer la prière à haute voix :
- Ô Exterre, divine déesse de la destruction, nous implorons ta présence en ce lieu. Accepte notre offrande, comme nous accepterons tes dons, si tu acceptes de nous en faire part…

Hormis un rat qui sortit de sa cachette pour détaler à toute vitesse de la pièce, rien ne se passa. Feinskyr, le plus anxieux du groupe, tremblant, rouvrit légèrement les yeux pour regarder si quelque chose était apparu dans le cercle… Rien !

Sans sourciller ni se décourager, le tigre continuer de répéter inlassablement la même prière, avec un petit temps d’arrêt entre chacune. A la neuvième, quelque chose se produisit.

Un petit vent chaud se mit à apparaître et à tournoyer au centre du cercle, faisant peu à peu pencher la statuette de tous les côtés. Le vent se transforma en une petite tornade, qui effraya même les plus robustes du groupe.
- Ne rompez pas le cercle !! Cria Eytez de toutes ses forces.

Ignorant la phrase prononcée, une voix féminine émergea du centre du cercle :
- J’ai entendu votre appel, ô prêcheurs mortels ! Et moi, Exterre, déesse de la destruction, incarnation même de ce que vous désirez au plus profond de votre être, répond à vos prières !...

- Et je viens à vous !! Prosternez-vous devant, moi, votre déesse !!

Tous étonnés devant le changement soudain de voix, le groupe leva la tête comme un seul homme. Le tourbillon avait cessé. A la place, une jeune fille humaine était apparue. Dix ans, à peine. Elle n’avait pas de jambes : celles-ci avaient été remplacées par une trainée de poussières grises lui donnant la capacité de pouvoir voler ! Sa peau blanche contrastait avec son gant noir qui réchauffait sa main gauche. Les mèches de ses courts cheveux orangés en bataille, avec une franche désordonnée lui arrivant au niveau de ses yeux, suivaient le mouvement de son flottement. Une tunique jaune dont les manches étaient retournées jusqu’aux épaules lui couvrait le corps. En guise de protection, une large épaulière bordée d’une épaisse fourrure marron était fixée sur son épaule gauche. Un bracelet en métal dont l’intérieur avait été rembourrée par le même type de fourrure que son épaulière protégeait son bras gauche. Enfin, une large cape d’un bleu ciel magnifique mais dont le bas avait visiblement été  arraché, ainsi qu’un épais tissu noir lui couvrant le bas du ventre jusqu’au nombril complétait sa tenue.
S’amusant à examiner la statuette sous toutes et en poussant toutes sortes d’exclamations joyeuses à son égard, la jeune déesse ne prêta nullement attention aux regards surpris et attristés de ses invocateurs. Lâchant les mains de ses compagnons, Eytez prit une profonde inspiration avant de prendre la parole :
- Excusez-moi, mais… qui êtes-vous ?...

Levant alors la tête, et surprise de la question, Exterre croisa son regard avec le jeune mortel. Les yeux de la déesse, qui étaient jusque-là d’un bleu ciel très pur, changèrent alors de couleur. En lieu et place de ses iris, Eytez y vit alors se former un amas d’étoiles tourbillonnantes, telle une galaxie perdue dans l’espace – si le tigre avait eu connaissance de cette terminologie.
La jeune fille posa alors la statuette devant elle, puis se rapprocha au niveau du visage de son invocateur, avant de prendre la parole :
- Eh bien, ne voulais-tu pas faire venir la déesse de la destruction en personne ? Je t’ai entendu de là-haut. Du coup, me voilà devant toi ! Exterre, incarnation vivante de la destruction !
Eytez ne sut si son étonnement fut plus grand à cause du discours ou de la pose fière mais presque ridicule que sa déesse venait d’accomplir devant lui…
- Mais vous… vous ne ressemblez pas du tout à la description faites dans les textes ancestraux !...
Tout le monde – y compris Exterre – se retourna vers Feinskyr, le loup qui n’arrêtait jamais de se plaindre, même devant les divinités.
- Ah, alors comme ça, vous êtes déçus ?! – la voix de la déesse, bien que toujours enfantine, avait à présent une tonalité différente. Elle avait une sorte d’écho qui la rendait plus… solennelle, plus… divine – Puisque c’est ainsi, vous allez goûter à ma colère, pauvres mortels !!

En dépit des excuses et des protestations des autres invocateurs, Exterre se mit à parler dans une langue inconnue, dont les mots étaient composés davantage de consonnes que de voyelles, tout en levant ses deux bras de manière symétrique jusqu’à hauteur de ses épaules. Durant cette action, ses mains, dont la paume était tournée vers le sol, s’ouvrir peu à peu, avant de se retourner pour faire apparaitre deux petits tourbillons jaunes en forme de spirale. Les galaxies de ses yeux brillaient de plus en plus, au point que ces derniers dégageaient à présent une fine couche de poussière jaune...

Eytez sut au fond de lui que c’était la fin. Plusieurs de ses compagnons l’avaient mis en garde de ne pas prendre cette histoire d’invocation à la légère. Que le jeu n’en valait pas forcément la chandelle. Mais il était trop tard. La terrible puissance de la déesse de la destruction allait s’abattre sur lui et les autres. Parce qu’ils n’avaient pas été respectueux. Fermant les yeux une dernière fois, il pria à qui voulait l’entendre de faire en sorte que sa mort ne fusse pas lente… A qui voulait l’entendre sauf Exterre !

                                                                  ***

De la petite cité, il ne restait plus grand-chose à présent. Les quelques survivants sortis des décombres avaient été rassemblés par les chevaliers de Swor, seule autorité encore en vie à des kilomètres aux alentours. Entre deux fouilles, ils purent ainsi augmenter le nombre des prières pour leur divinité, ce qui était toujours ça de gagné !
Et voici donc les premières pages des aventures d'Exterre ! Encore que "mésaventures" serait le terme plus juste.

Le prochain chapitre devrait être la mise en place des protagonistes principaux chez les divinités, tandis que le chapitre suivant concernera les mortels. Par la suite, chaque chapitre sera une petite histoire qui devrait se suffire à elle-même. Devrait. :p

Pour vous donner une idée du ton de l'oeuvre, il faut vous imaginer un mixte entre Slayers et Wakfu. Plus proche de Slayers que de Wakfu, d'ailleurs, mais cette fois-ci je change "vraiment" de registre pour quelques temps avec cette histoire... Alors, bien sûr, il y aura du sérieux de temps en temps, mais ça sera surtout vers la fin, quand on connaitra (moi compris ! ^^) mieux les personnages ! ;)

A bientôt !
H.
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